Chant I
Troisième Couplet
(suite et fin)
Les Chants mêlés 3
Cela devenait un sujet de préoccupation permanent, une obsession. Il prenait soudain conscience de lui-même et cherchait à se mieux connaître, voire "reconnaître". Il se rendait compte qu'il avait, jusque là, vécu "à côté" de ce qu'il pensait être réellement. Il lui fallait se redécouvrir afin de vivre et non plus d'exister, pour sortir de ce que lui-même nommait sa "médiocrité" ! C'était sa façon personnelle d'idéaliser. Il avait horreur de la médiocrité. Il vénérait les grands hommes, les savants, les philosophes, et aurait ressembler, être un des leurs. Mais peut-être s'y était-il mal pris, dès le départ de sa vie ?
Etait-il trop tard ? Dominique ne aimé pas. Il aurait la volonté nécessaire à extirper, du fond de son être, les ressources ressources qu'il avait jusqu'alors négligées... ou méconnues. Et Elisabeth, dans ce scénario idylique ? Elle aurait "sûrement" sa place, pensait-il !
Chant II
Premier Couplet
Ce matin-là, comme à accoutumée, Dominique arriva au bureau avec un petit quart d'heure d'avance sur le reste du personnel. Il aimait bien se sentir seul quelques instants, et voir les employés arriver, plutôt que d'être lui-même un centre d'attention en entrant là, alors que tous étaient déjà au travail. Certains voyaient d'un mauvais oeil cette manie, et l'interprétaient comme une malveillante sournoiserie. Non, Dominique n'était pas de cette espèce d'individus. Lui, qui était parti de la base de la hiérarchie, se tenait à l'écart de ce genre de pratiques. Il savait, pour y être lui-même passé, ce que signifiait, pour les employés de l'entre^rise, la bonne entente commune et les respect des chefs vis-à-vis de lers subordonnés. Il y avait bien quelques jaloux qui lui enviaient cette aisance et ce contact franc et facile ! Il n'en avait cure. Même le Grand Patron, Monsieur Dujardin, s'étonnait de cette faculté, jusque là méconnue de lui, que possédait Dominique. Il l'avait pris en estime, et, du jour où il lui avait confié ce poste de responsabilté, il lui avait aussi offert son amitié. Depuis; ils se tutoyaient et s'appelaient par leurs prénoms resectifs, Rné et Dominique. Leurs rapports n'en étaient tout de même qu'à un niveau de respect et d'entente mutuels.
Le seul vrai "copain" de Dominique était un agnet de facbrication, contre-maître d'atelier, avec lequel, dès le début, il avait sympatisé. André était ainsi le seul vrai camarade de Dominique. Ils se voyaient souvent, en dehors du travail, pour bavarder, déjeuner ensemble ou faire une partie de tennis.
Dominique était déjà plongé dans ses dossiers lorsque Monsieur Dujardin toqua à la porte vitrée de son bureau :
"Entre, André, fit Dominique, se levant et tendant une main franche dans sa direction.
- Bonjour Dominique ! Cela va-t-il comme tu le veux ? s'enquit René.
- Oui, merci, et toi-même ?
- Bien, bien... Dis-moi, trève de banalités, il faut que nous fassions un point sérieux avant ton départ en vacancs. Tu pars toujours vendredi ?
- Oui, pas de changement au programme.
- Bien. Peux-tu venir dans mon bureau avec les dossiers litigieux, ou préfères-tu que nous travaillons ici ?
- Allons chez toi. Ce n'est pas bien encombrant... et si tu m'aides à les porter, on devrait pouvoir traverser la coursive sans trop de fatigue !
- Parfait... Commençons-nous à trabailler tous deux, ou faisons-nou un briefing restreint avec les Chefs de Services ?
- Je pense que nous en ferons plus à nous deux... Et puis, il y a des décisions urgentes à prendre, et toi seul...
- Oui, je sais. Allons-y "
La journée passa ainsi, augurant de ce qu'allait être la dernière semaine de l'année. Dominique eût-il tout juste le temps, à l'heure du déjeuner, de s'entendre inviter par André à disputer une dernière partie de tennis, en fin de journée. Ce qu'il accepta de bon coeur, car c'était toujours un moment privilégié pour lui que ces petits matchs avec André. Explication franche, une raquette à la main et l'esprit au repos, le corps tendu vers l'effort physique et la lutte avec soi-même...
Elisabeth lui avait fait les recommandations d'usage, lorsque Dominique lui avait suggéré qu'André l'inviterait probablement à jouer au tennis. "Ne rentre pas trop tard", "penses que nous devons préparer notre départ", etc... Le genre de choses qu'on a horreur d'entendre marteler à longueur d'années, et devraient être entendues une fois pour toutes. C'était en tout cas l'avis de Dominique...
à suivre...
P.F.J.