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15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 14:48

Les Chants mêlés 19


Chant V

Troisième couplet


Le dîner s’éternisa un peu… trop au goût de Dominique qui, en fait, tombait de sommeil ! Elisabeth, elle, d’abord très réservée au début, se mit à espérer que cette soirée augurait un renouveau dans sa relation avec son mari. Au fond d’elle, comme un lancinant remord, déjà, se déroulait les scènes de ces moments vécus avec André, ses touchers amoureux et cachés que tous deux pratiquaient, depuis maintenant quelques… Oh, mon Dieu, pensa-t-elle, déjà si longtemps ! Et si elle s’était trompée sur Dominique et Françoise… Et s’il n’y avait vraiment que de l’amitié, entre eux… Mais son esprit tentait d’oblitérer sa propre conduite. Mais son esprit, subconsciemment, lui murmurait que non, que ce n’était pas possible, qu’ils avaient sûrement une liaison coupable… Mais, inconsciemment, ce même esprit lui soufflait à l’oreille que, même si cela était le cas, elle pouvait reconquérir Dominique, qu’elle ne craignait pas la différence avec cette « autre femme ». D’ailleurs, peut-être était-ce vrai, que Dominique l’aimait toujours, elle… Il lui avait dit de façon si sincère, tout à l’heure, avant qu’il ne l’embrasse dans le cou.  Et si elle pouvait tout effacer et revenir en arrière… Mais le temps n’est pas quelque chose que l’on puisse remonter comme cela, d’un coup de baguette magique !

 
« Tu as l’air « ailleurs », Chérie – intervint Dominique.

-         Oh, non… Je pensais…

-         Tu pensais à quoi ?

-         A toi et moi, assis là, dînant « comme au bon vieux temps » !

-         Pourquoi le temps aurait-il été bon, auparavant, et ne le serait plus maintenant ?

-         Comme ça… Je ne sais pas pourquoi…

-         Mais si, dis-moi tout ce que tu as sur le cœur. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond ?

-         Ecoutes, Chéri, ce n’est pas le moment d’aborder ce type de discussions. Finissons cette soirée comme elle a commencé, et puis nous…

-         Comme elle a commencé ici, ou à la maison, avant de partir ?

-         Chut ! Tais-toi donc Chéri ! Pourquoi m’as-tu embrassée dans le cou, tout à l’heure ?

-         Parce que j’en avais très envie, comme d’habitude…

-         Tu en as souvent envie, « d’habitude » ?

-         Ben, oui, et tu sais fort bien que j’ai toujours eu ces envies-là, te prendre dans mes bras, te câliner, t’embrasser, te…

-         Me faire l’amour ?

-         Oui, bien entendu, même si le temps passant a un peu sapé en nous ce besoin charnel…

-         Que nous avions, il y a quelques années…
 Elisabeth-table.jpg

La discussion commençait à ennuyer profondément Dominique, à ce moment-là. Il détestait parler avec Elisabeth de cette distance qui s’était matérialisée entre eux sur le plan sexuel. Il savait, comme tout un chacun, que les ébats amoureux ne duraient qu’un temps. Trois ou quatre années, disait-on… Les tenants de cette théorie, prétendaient que c’était là un héritage atavique de nos ancêtres lointains. L’Homme avait « envie » de la Femme, tant qu’elle était en mesure de lui donner une descendance, et les trois ou quatre années pendant lesquelles elle les élevait et les allaitait !…

 

« Si nous rentrions, maintenant – fit Elisabeth, reléguant les réflexions de Dominique sur ces ancêtres des Cavernes au diable vauvert.

-         Si tu veux, Chérie, si tu veux… Voudrais-tu autre chose ? Un café ? Une tisane ?

-         Non, merci. J’ai très bien mangé ainsi. Je voudrais…

-         … ?...

-         Toi !

-         Moi ? C’est-à-dire ?

-         Rentrons et fais-moi l’amour !

-         Ah !? L’amour…

-         Oui, fais-moi l’amour… »


Rentrés chez eux, Dominique ne mit pas plus de quelques minutes à s’endormir… Elisabeth, déçue, déconvenue, ulcérée, se tourna de son côté et le cours de ses pensées quotidiennes revint, aussi pernicieux qu’avant cette soirée. Donc, si Dominique ne voulait plus d’elle, c’était bien là le signe de ce désamour qu’il y avait entre elle et lui ! Comment pourrait-il la désirer, s’il en désirait une autre ? Après tout, cette soirée était « du cinéma », de la poudre aux yeux destinée à lui faire croire qu’il l’aimait toujours, qu’il était innocent des doutes qu’Elisabeth nourrissait à son endroit.  A... QUI avait-il pensé en s'endormant ?

Elisabeth ne dormant pas

à suivre...

P.F.J.


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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 17:47

Les Chants mêlés 18

Pour toute réponse, il entendit un grognement lointain, comme si quelqu’un parlait du fond de l’appartement… Il se dirigea verdans la direction du bruit, c’est-à-dire vers la Salle de Bain. Il ouvrit la porte, et aperçut Elisabeth, sous la douche, qui marmonnait "oui… je suis là !", la tête enveloppée d’une serviette et frottant énergiquement ses cheveux…

«  Ah, Chérie, excuses-moi, je ne savais pas que tu étais en train de faire ta toilette » – fit-il en refermant la porte.

Puis, il se ravisa, et rentra dans la pièce :

« Mais, où est Gérard ?

-         Il dort chez son copain Eric – arriva à articuler Elisabeth, débarassée de sa serviette et secouant sa chevelure….

-         Cela était prévu ?

-         Non, il m’a fait téléphoner par la Maman d’Eric !

-         Pourquoi ?

-         C’est l’anniversaire d’Elodie, la petite sœur d’Eric…

-         Bon ! »

 

Dominique posa ses affaires dans sa chambre. Quelques minutes après, Elisabeth arriva dans le salon où Dominique venait de prendre place.


«  Voilà, Chéri, j’ai fini…

-         Ah ? Mais tu n’as pas l’habitude de prendre ta douche si tôt !

-         Oui, peut-être. Mais que cela change-t-il ? Gérard n’étant pas là ce soir, j’en ai pris à mes aises…

-         Tu as bien fait. Tiens, je vais aussi aller prendre un bon bain. Que dirais-tu que nous sortions, ce soir, puisque nous sommes seuls et "en avance sur la soirée" ?

-         Ma foi, si cela te convient, je suis d’accord. Il y a longtemps que tu ne m’as pas amenée dans un resto’ !

-         Ok… J’en connais un sympa, pas très loin du Centre-ville.

-         Pas celui où tu déjeunes avec « ta Françoise », au moins ?

-         D’abord, ce n’est pas « ma » Françoise, et de plus, je t’ai déjà expliqué qu’elle n’est qu’une amie !

-         Une « bonne amie » ? Une « petite amie » ?

-         Allons, ne commences pas à jouer à ce jeu-là… Tu sais très bien ce que veux dire. Elle n’est qu’une amie, comme serait mon ami un homme, si elle en était un !

-         Foutaises… Mais, bon, tant pis ! Je suis cocue et ne m’en porte finalement pas plus mal…

-         Elisabeth, ma Chérie, vas-tu cesser ! C’est TOI que j’aime. Je ne suis ni l’amant ni le petit ami de qui que ce soit !

-         C’est bien moi que tu aimes ?

-         Oui, mille fois oui…

-         Alors, tu vas m’en donner une preuve ! Promets-moi de ne jamais LA revoir…

-         C’est très méchant et injuste de ta part ! Pourquoi veux-tu me faire ça ?

-         Te faire « ça » ? Et toi, que fais-tu, des heures entières avec cette « traînée », je ne sais quand ni où ! Qui me dit que tu ne passes pas des après–midi entiers avec elle ?!

-         Bon, cette fois, s’en est trop ! Je ne te demande pas comment tu occupes tes journées, toi ! Je te fais confiance… C’est ça qui manque, ta confiance en moi !

-         Bon, arrêtons les frais pour ce soir – se reprit Elisabeth, soudain gênée – Ne devais-tu pas me sortir ?

 

Dominique prit quelques secondes de réflexion, puis :

 

« Oui, tu as raison ! Sortons, puisque j’ai plaisir à le faire avec TOI !

-         Oh, oh… ! Oh, oh, oh… » - se mit à chantonner Elisabeth.

 

Elisabeth passant devant Dominique, eût la surprise qu’il se penchât vers elle et lui déposât un baiser sur le cou.

Bisou-cou.jpg

à suivre...

P.F.J.

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 16:41

Les Chants mêlés 17

Chant V

Deuxième couplet

 La soirée s’annonçait assez bien pour Dominique. Il n’avait pas vu André de la journée. Mais certain que celui-ci avait dû perdre beaucoup de temps avec ses clients, il n’imagina même pas qu’il puisse ne pas être au rendez-vous fixé, au Club ! Sa journée de travail terminée, il passa un coup de téléphone à Elisabeth, depuis son portable, assis dans sa voiture et prêt à démarrer pour se rendre au Club de Tennis.

« Allo ! Chérie ?

-         Oui, - répondit Elisabeth, avec une voix d’outre-tombe.

-          Comment vas-tu ? Tu n’as pas ta voix habituelle…

-          Mais si… J’ai la même voix que les autres jours, je t’assure !

-          Bon, n’as-tu pas pris froid ? Es-tu sortie ? Etais-tu assez couverte lorsque tu es allée chercher Gérard ?

-          Non, non, je t’assure, tout va bien…

-          Alors, à ce soir ! Tu te souviens que je vais jouer avec André… »

Elisabeth avait raccroché !  Dominique en fut, un instant dépité et vexé. Puis il se dit que, de toute façon, cela ne jurait pas avec son comportement de ces derniers jours. Etait-elle furieuse qu’il retourne au Club ? C’était sans doute cela… Peu importait, après tout, il ne faisait rien de mal !


La soirée de tennis se déroula comme l’autre fois, sauf que Françoise et Dominique s’éclipsaient de plus en plus souvent du court de tennis pour aller « boire un coup » comme ils le prétendaient. En fait, toute occasion était bonne pour papoter seuls, à l’abri des oreilles de Bob et André. Et, comme la fois précédente, Dominique ramena Françoise chez elle. Et comme la fois précédente, ils échangèrent des banalités… Mais Dominique « assurait » mieux. Il apprenait vite et savait sur quel type de conversation il devait amener Françoise. Celle-ci se montrait d’une culture très étonnante pour une Scientifique ! Elle pouvait parler d’Histoire, de Cinéma, de Couture, de… de… Enfin, Dominique était aux anges d’avoir découvert une telle personne. Lui qui avait une culture assez générale mais éclectique, ressentait pour la première fois le plaisir de discourir avec quelqu’un qui pensait comme lui ! D’ailleurs il s’en confia à Françoise qui fut surprise d’entendre de tels propos. Elle n’avait, jusqu’alors, fréquenté que des gens qui Science, Chimie, et Astronautique… Robert l’entrainait bien de temps à autres sur ses domaines, la Littérature ou la Poésie. Mais c’était là ses seuls écarts !


Et la vie continua ainsi, de journées de travail au bureau en soirées moroses à la maison, de mardi-soirs en week-ends banals.
Les semaines passaient, puis les mois…


Elisabeth avait bien eu des occasions de revoir André, qui survenait chez elle à l’improviste chaque fois qu’il avait envie de la « voir » ! Elisabeth se prêtait au jeu, et avait fini par accepter cette liaison « sordide », comme elle disait, qui, somme toute, était une échappatoire dangereuse, mais qui lui ôtait un peu de son dépit et de sa jalousie ! Elle savait que Dominique était le seul homme qu’elle aimait. Qu’elle aimait de sentiments… d’amour… Mais elle ne savait plus si sa relation avec lui était encore viable, ou Dominique et elle étaient en train de rejouer « la mort du cygne », version mélodramatique et funeste. Que restera t-il de leur couple dans quelques temps ? Lui, avec sa maîtresse, Françoise, elle se donnait à André qu’elle détestait plus qu’elle ne l’appréciait !


 Poezienen-4.jpg


En permanence, dans ses journées de solitude, Elisabeth imaginait son mari dans les bras de Françoise. Pourquoi cette image ne la quittait-elle pas ? Elle ne pensait pas ou très peu aux ébats qu’elle et André partageaient, certains après-midi ou matinées. Cela lui paraissait plus accessoire que la liaison de Dominique ! En fait, elle se sentait « femme bafouée » et trompée, et ses rendez-vous avec son amant lui paraissaient être de « l’équilibre », c’était cela, une « recherche d’équilibre » dans les fautes de l’un et de l’autre… Un peu la Loi du Talion. Parfois, elle se demandait si elle n’était pas plus coupable, elle, d’avoir cette relation que lui, qui n’avait fait que céder à un désir « masculin » ! Après tout, les hommes ont des « besoins sexuels » plus… Le dicton « Souvent, il faut que femme varie » ne disait-il pas que cela, après tout ? Non, elle ne pouvait se voiler les yeux à ce point, et accepter qu’une femme soit plus tolérante pour les frasques de son époux que lui pour les écarts de son épouse !

Après tout, Dominique n’avait que ce qu’il méritait. Oeil pour œil, dent pour dent…

 

Françoise B

Dominique, lui, continuait son petit train-train de vie. Il avait fini par comprendre que Françoise n’était pas une femme qu’il « désirait », mais que c’était surtout sa compagnie qui le motivait ! Ils en conclure d’ailleurs tous deux, lors de leurs fréquentes discussions « à bâton rompu », qu’ils avaient été faits pour se rencontrer, un peu comme la fameuse théorie des « âmes-sœurs » ! Leur finalité partagée était l’amitié… Un peu comme s’ils étaient frère et sœur.  Donc rien de répréhensible, au total ? Quoique les mentalités actuelles ne leur autorisaient pas ce type de relation ! Qui peut croire qu’un homme et une femme soit amis ? Si l’on jette cela en pâture à la gent commune, elle répondra « Mensonge, Dissimulations ! » Et pourtant… Françoise et Dominique devinrent les meilleurs amis du Monde ! Chacun ne voyait en l’autre un homme ou une femme. Quand ils pensaient l’un à l’autre, c’était Mon Ami, ou mon Amie !

 

Chant V

Deuxième couplet

 

Dominique, un soir où il revenait plus tôt du bureau, trouva que la maisonnée était plus « bizarre » que d’habitude… Il entra comme il faisait chaque soir, pendant son pardessus sur le perroquet de l’entrée, et lançant à tue-tête :

« Bonsoir Chérie ! »

à suivre...

P.F.J.

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 10:22

Re-édition pour la Communauté Romans en ligne

Les Versets merveilleux 3
Verset V

Chapitre III
Androïde
 

Elisabeth et moi approchons, à bord de la petite navette mise à notre disposition, du sas hermétiquement clos du vaisseau de Catherine Shogloff ! Elisabeth ne tient plus en place. Elle paraît vivre cette mission comme une petite fille s’émerveillant devant une nouvelle poupée !

 

« Peter – me lance-t-elle sans me regarder – pourquoi le dossier que l’on nous a remis ne comporte-t-il aucun détail relatif à la mort de Catherine Shogloff ? Je veux dire « quel genre de mort » !

- Sans doute parce qu’on n’a pas pu, justement, le déterminer – dis-je, sur un ton professoral.

- Ah, bon ! Pourtant, les Médecins légistes… ?

- … Une partie du dossier semble, effectivement, avoir été classé « Secret Instruction » ! Peut-être ne veux-t-on pas émouvoir l’opinion publique. Tu sais, des millions de gens utilisent des cyborgs ! Jusque là, personne n’a jamais eu affaire à un « cyborg-assassin » ! Il y a là des données éthiques, économiques et politiques à ne pas négliger. Imagines-tu que l’on arrive à se méfier des cyborgs, au point que les gens s’en débarrassent ? Plus d’achats, plus de ventes, plus de fabrications… Des Entreprises qui ferment, le chômage qui réapparaît, les…

- L’économie sidérale n’est tout de même pas assise sur le commerce des androïdes !

- Non, bien sûr, mais notre type de vie, aujourd’hui, est largement fondé sur l’utilisation des androïdes et autres robots à des tâches autrefois humaines. »

 

Nous arrivons. Une légère secousse nous indique  que l’arrimage est effectué. Elisabeth et moi sommes déjà devant la porte du sas de transbordement, alors qu’un officier nous annonce qu’il faut attendre la venue d’Hilary Tooth, le policier Martien. Ce dernier ne se fait d’ailleurs pas attendre très longtemps.

 

« Allons-y »  – lance-t-il en passant devant nous, alors que le sas s’ouvre, à la façon d’un vieil obturateur photographique des siècles passés.

Elisabeth me prend le bras et s’engage derrière moi sur les pas d’Hilary. Lorsque nous prenons pieds sur le vaisseau, elle me serre si fort que ses ongles pénètrent presque ma combinaison…

 

« Aïe ! Elisabeth, mon petit, tu es un flic… Du sang-froid, du sang-froid ! »

 

Elle ne ma lâche pas, alors qu’Hilary finit d’ôter les scellés magnétiques. Il nous fait signe de le suivre dans une coursive sombre et froide. Il y règne une odeur de mort. C’est en tout cas l’idée que nous nous en faisons ! Et je ne suis pas le seul à être mal à l’aise. Elisabeth est plus crispée que jamais, soudée à mon bras des deux mains, et l’halène courte…

Hilary bascule un commutateur sur un panneau mural. Aussitôt, un éclairage d’outre-tombe se fait, alors que le bruit caractéristique d’un échangeur d’ait vient solliciter nos oreilles. Nous sommes devant un autre sas. Hilary manipule une commande d’ouverture, et pénètre dans ce qui s’avère être la cabine personnelle de Catherine Shogloff ! A peine ai-je jeté un bref coup d’œil à l’intérieur, que je saisis Elisabeth par les épaules et le jette pratiquement hors du sas !

 

« Non, Elisabeth, ne regarde pas ! Reste dehors, je t’en prie ! »

 

Elle se rebiffe et entre dans la cabine…

 

Verset V

Chapitre IV

 

Elisabeth, depuis deux jours terrestres entre les mains des médecins martiens, se remet petit à petit du choc émotionnel qu’elle a éprouvé en entrant dans la cabine de Catherine Shogloff…

Elle est allongée sur le dos, les yeux fixant le plafond de sa chambre d’hôpital ! Elle ne tourne pas seulement la tête lorsque je m’approche d’elle et l’embrasse sur la joue.

 

« Elisabeth ! C’est moi, Peter, TON Peter… Tu me reconnais ? Comment vas-tu ? »

 

Elle ne répond mot. Je lui caresse le visage, remonte ses mèches brunes sur son front, et place mon visage en face du sien… Son regard semble me traverser de part en part, toujours pointé vers le plafond !

Je m’assure que son pouls est encore là. Elle respire et ses yeux cillent. Elle ne veut ou ne peut parler… C’est cela. Je vérifie qu’elle ait de l’eau dans le flacon posé près d’elle sur sa table de chevet… Bon ! Je vais retourner au Quartier Général de la Police Martienne. Je dois poursuivre mon enquête. Des témoins potentiels à interroger ? Peut-être ceux qui ont assisté au départ de Catherine Shogloff ? Sans doute les représentants de la Firme qui a construit les Cyborgs ? Et puis, je dois encore lire et relire les comptes-rendus médicaux, réécouter l’enregistrement du Journal de Bord de Catherine, questionner ceux qui, les premiers, ont ouvert le vaisseau à la dérive…etc.…

Du « pain sur la planche », comme on disait jadis ! Du pain ? Je sais ce dont il s’agit. On en consomme encore quelquefois sur Terre ! Mais… « Sur la planche ! » Pourquoi ? Drôle d’expression ! Nos ancêtres avaient sûrement de bonnes raisons lorsqu’ils créèrent dictons, proverbes ou expressions aujourd’hui désuètes.

Mais, cela m’éloigne de mon sujet : Elisabeth !

Elle ne bouge toujours pas. Pas le moindre tressaillement sur ses traits. Je m’approche de la baie vitrée de la chambre. Curieuse sensation que de dominer le désert martien depuis le 218ème étage de cet immeuble ! Je me décide à partir. Jetant un dernier regard vers Elisabeth, j’ouvre la porte de sortie et …sors !

 

« On fout le camp d’ici, attends-moi ! » - hurle-t-elle à mon adresse, se dressant sur son lit comme un diable monté sur un ressort.

 

Verset VI

Chapitre I

Révélation

 

Bien des années ont passé. J’ai fini par épouser Elisabeth. Non ! Nous n’avons pas encore d’enfant… Elle a quitté la Police, au lendemain de son séjour sur Mars. Elle s’est vite rétablie, soyez tranquille. Elisabeth est un roc ! D’ailleurs, elle n’est pas restée longtemps inactive. Elle est journaliste aujourd’hui… Cela la tentait terriblement. « L’affaire Shogloff » aura été le déclencheur qui lui aura permis de sauter le pas ! Elle mène toujours ses enquêtes, mais …scientifiques. Quelques temps après notre retour sur Terre, elle a été prise d’une boulimie de connaissances… Elle a dévoré des montagnes d’ouvrages, de la Physique thermonucléaire à la Cybernétique, de la Chimie élémentaire à la Biologie fondamentale ! Tous les scientifiques lui doivent une remontée spectaculaire de leurs droits d’auteurs ! Puis, elle a été embauchée par un journal scientifique, le Solaris Herald Science. Et moi, me demanderez-vous ? Je suis flatté de l’intérêt que vous portez à ma modeste personne. Si, si ! Je suis toujours « flic » ! Je n’ai même pas changé de Patron, et par voie de conséquence, de statut… de flic de base.

« L’affaire Cyborg 47132428 » n’a pas été une source de lauriers ou de promotion pour moi. La conclusion de l’enquête ? « Inexplicable » et « Classée sans suite » ! Archivée parmi des milliers d’autres, et aujourd’hui oubliée…

Mais, si je vous en reparle, c’est qu’il pourrait y avoir un élément nouveau qui la ferait « sortir de sa tombe » ! Bien sûr, il faudrait, pour cela, que je démontre ce nouvel élément, que je dépose une demande de réouverture, etc.… etc.… Tout le saint frusquin habituel, quoi ! Nous n’en sommes pas là. C’est pourquoi je vais commencer par vous parler de ce que j’appelle « la petite chose bizarre qui pourrait bouleverser les grandes choses bien établies » ! A vous, ensuite, de tenter de rouvrir le dossier ou pas… Cela ne regardera que vous !

 

Tout débuta à se mettre en marche, dans ma petite tête, un jour où je flânais, en quête de quelque événement type « chien écrasé », à mettre sous ma dent de flic… Nous sommes dans l’Astroport du Nouveau Paris, au cœur de la France telle qu’elle était jadis, en ce qui fut l’Europe géographique. Je crois me souvenir que cet endroit fut appelé To Loose, Toulose, Tolouse ou quelque chose de ce genre… Il paraît que ce fut le « berceau » de l’aviation et de la conquête spatiale ?! De moi à vous, l’aviation était cette science qui permettait de faire voler des engins dans les airs, sustentés par des ailes porteuses grâce à un flux de filets d’air qui créaient une dépression, lorsque l’engin avançait assez vite, sur l’extrados de ladite aile.. Ils étaient déjà futés, nos ancêtres, hein ? Bon, revenons à nos…

 

J’étais mollement occupé à boire un rafraîchissement, au Bar des Equipages où j’avais « mes entrées », lorsque Phil Gordon, un vieux cousin éloigné, je veux dire « plus âgé que moi », du côté de ma Maman, me tapa sur l’épaule – la droite, je crois. Après les effusions de nos retrouvailles, il me conta une histoire… Une histoire vraie (sic) qu’il avait vécue avec son ami de toujours, un certain Fred, aujourd’hui « disparu » !

Et Phil raconta, raconta, raconta un long conte qui ma parut banal, au premier abord. Une histoire d’amour semble-t-il, comme des milliards d’individus en ont connu au moins une depuis l’origine des Temps et de l’Espace ! Seulement, voilà ! Il y avait effectivement quelque chose de « spéciale » dans cette histoire… Phil la tenait d’un enregistrement vidéo que Fred lui avait « légué » avant de disparaître avec Eva ! Je vous dirai plus loin le mystère de cette double disparition, pour le moins extraordinaire…

 

Verset VI

Chapitre II

 

Fred et l’objet de sa passion, Eva, ne paraissent pas, à son point de vue, avoir eu un comportement naturel… Normal au sens où l’on analyse d’habitude un « coup de foudre » ! Lors de ce fameux souper à bord de l’Orion, après qu’Eva et le Commandant de bord du Pégase fussent auprès de leurs hôtes, l’attitude d’Eva, selon Phil, aurait été tout à fait imprévisible. C’est très soudainement, alors que le souper s’éternisait entre les poires de Bételgeuse et le fromage des Chèvres de Castor, qu’Eva fut prise d’une espèce de crise d’hystérie…

 

«  Elle fut secouée comme de spasmes violents, puis s’affaissa sur son fauteuil en regardant Fred, et lui aurait lancé « Je suis Che, et j’ai enfin trouvé ce que je cherchais ! ». Fred s’était levé d’un bond et précipité vers elle, l’entourant de ses bras et essayant de comprendre ce qui lui arrivait. Fred, sans brusquerie, la tenait par les épaules et lui posait maintes questions auxquelles Eva ne répondait que par : « Je suis Che ! ».

Tous les convives s’étaient levés, dispensant eux aussi leurs conseils. Chacun pensait qu’Eva était dans une espèce de crise d’hypnose. Mais elle se mit soudain à parler, s’adressant à Fred :

 

« Voilà, je peux m’expliquer maintenant ! L’esprit de ce corps que j’occupe, « Eva » comme vous l’appelez, n’en est plus le maître. C’est Moi, Che-Ôoo qui m’exprime par sa voix… »

 

Fred entraîna Eva dans une alcôve, à l’abri des regards et oreilles trop indiscrets. Seul avec elle, il referma une porte sur eux, et demanda à Eva :

 

« Que dis-tu ? Je ne comprends rien à tout cela…

 

-         Vous ne pouvez comprendre – répondit Che-Ôoo par la voix d’Eva – Laissez-moi vous raconter cela sans m’interrompre ! »

 

Fred, abasourdi, lâcha Eva qui s’assit dans un sofa.…

 

« Je ne suis pas celle que vous voyez ! J’occupe son corps et son esprit. En fait, je suis…comment vous faire entendre cela ? Je suis un « pur esprit ». Votre espèce humaine n’est pas la seule dans cette partie de l’Univers, ni dans les autres univers parallèles ! Il y a des milliards d’autres espèces vivantes qui ont cette faculté qui est la notre, la Pensée… Mais bien des formes de vie l’ont acquise. Certaines sont matérielles, comme la vôtre, différentes par les formes qu’elles ont adoptées, mais certaines autres, comme la mienne, se sont affranchi de leur matérialité, et leur évolution les a amenées à n’être plus qu’esprits ! Ainsi, moi-même, Che-Ôoo, ne suis qu’un… esprit sans corps ! Le Temps et l’Espace, le continuum, ne sont que des notions propres à vous et aux « évolutions » matérielles ou animales, comme l’espèce humaine… Je suis… immortel. C’est le mot qui convient le mieux à votre entendement. Je me déplace dans toutes les dimensions du Temps et des Univers qui coexistent, par ma seule volonté ! Je peux investir n’importe quelle apparence, me glisser dans l’objet le plus infime ou le plus immense, le plus simple ou le plus incongru ! Et dans les deux sens de l’Infini, le microcosme ou le macrocosme… »

 

Et Che-Ôoo continua ainsi, longtemps, à « se justifier » face à Fred, béat et incrédule devant un tel déversement d’inepties. Inepties, voire ?

à suivre...

P.F.J.

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10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 18:44

Les Chants mêlés 16

Chant V

Premier couplet


Bientôt midi ! Dominique prit son téléphone, posé sur son bureau, et fit le numéro d’appel de Françoise… La douce voix de la jeune femme lui ravit l’oreille lorsqu’elle demanda :

 « Oui ? Qui demandez-vous ?

-         Bonjour – fit Dominique en changeant sa voix – Je  désirerais parler à Madame Françoise Grazzioli, s’il vous plaît…

-          Oui, de la part de… ?

-          De quelqu’un qui aimerait l’inviter à déjeuner !

-          Dominique, c’est vous ? Quel sacré farceur vous faites !

-          Alors ? Vous êtes d’accord ?

-          Oui, bien entendu !

-          Même heure même place que l’autre fois ?

-          Cela me convient… à tout à l’heure ! »

 Et, comme convenu, Françoise et Dominique se retrouvèrent au même restaurant que le « fameux » mardi… Ils étaient là comme s’ils avaient fait cela depuis très longtemps. Habitude déjà prise, Dominique commanda un apéritif que Françoise accepta de bon cœur.


Fran-oise-2.jpg

 
«  Alors – fit-elle – de quoi parlons-nous aujourd’hui ?

-         De vous… ?

-          Ah, non ! Pas encore de moi !

-          Mais c’est exactement ce qui m’intéresse…

-          Et le tennis ? Cela vous intéresses-t-il ? Ce soir, je sais que vous serez là, avec André.

-          Oui, il me l’a demandé il y a quelques jours.

-          Et vous y allez ?

-          Ben oui, je crois…

-          Vous croyez ou vous en êtes sûr ?

-          Mais, c’est une enquête de Police que vous menez là !

-          Eh bien, c’est pour arriver à vous dire que je n’y serai pas ! »

 

Dominique faillit s’étouffer avec sa gorgée de vin cuit.

 

« Ah, non, ne me faites pas ça !

-         Tout d’abord, voulez-vous que nous arrêtions ce vouvoiement qui nous met à bonne distance l’un de l’autre ?

-          Oui, je ne demande pas mieux… Mais, pour quelle raison ne viendriez... ne viendrais-tu pas ce soir ?

-          J’ai tant à faire à la maison ! J’ai des montagnes de calculs à revoir, et je voudrais que cela soit fait pour une réunion très importante, demain après-midi…

-          Allons, ne me fais pas ça… S’il te plaît ! Ne peux-tu remettre ces calculs à plus tard ?

-          Bon, écoutes-moi bien. Je vais faire un effort. Je viendrai jouer, mais ne partirai pas au-delà de vingt-deux heures ! Cela te convient-il ?

-          Oh, oui… Cela me convient tout à fait.. ; »

 

Le repas se déroula ainsi, de questions en réponses, sur des thèmes pris au hasard, mais qui, curieusement, répondaient à des critères que tous deux affectionnaient ! Ils se quittèrent, cette fois encore, avec une chaleureuse, très chaleureuse poignée de mains… Dominique eût du mal, d’ailleurs, à lâcher celle de Françoise qui dut quasiment la retirer de force !.

à suivre...

P.F.J.

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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 12:10

Les Chants mêlés 15

Chant IV

Troisième couplet

 

Elisabeth repris ses esprits petit à petit… Elle ne savait pas vraiment où elle était, ni quelle heure il pouvait être. La seule chose dont elle prit conscience, c’est d’être allongée… Elle avait du mal à ouvrir les yeux, et la tête lui faisait mal. Comme un bourdon qui sonnerait au loin… Elle sentit bien, soudain, qu’on la touchait. Elle fit un effort pour émerger de sa torpeur, et pensa que, finalement, tout était normal. Dominique était là, couché près d’elle, et il faisait jour dans la chambre… Etait-ce un jour de repos, un dimanche ? Comment Dominique pouvait-il être au lit par une clarté pareille ? Il devait être pas loin de midi… Elle se retira vers son « coin de lit », pensant qu’après tout elle était trop fatiguée pour bouger ! Puis, le temps passant doucement mais assez vite pour qu’elle reprenne ses esprits, elle se tourna sur son coude pour demander à Dominique de ne pas trop se coller à elle. Elle avait horreur de cela ! Elle poussa un cri strident lorsqu’elle aperçut André à ses côtés… Elle se leva d’un bond et tout lui revint en mémoire, d’un seul coup !

« André ? Mais, mais… Que se passe-t-il ? Ce n’est pas possible ! André, tu m’entends ? Que fais-tu là ? Que faisons-nous là ? Ce n’est pas vrai ! C’est impossible !




-        
Tout doux, ma belle, ne crie pas ainsi… C’est moi, André…

-         Ahhh ! Non, pas ça, pas ça… Que s’est-il passé ? Que fais-tu dans mon lit ? Mon Dieu, ne me dis pas que…

-         Que ? Mais oui, ma belle, je te dis que… D’ailleurs, tu étais partante, tout à l’heure, quand…

-         Partante ? Partante pour quoi ? Ne me dis pas que…

-         Que …

-         Que tu m’as touché… Que tu m’as… Non, dis-moi que je rêve, que je suis folle !

-         Mais non, ma Chérie, tu n’es pas folle…

-         Ta Chérie ! Oh, non, pas ça…

-         Tu sais, quand nous avons « commencé », tu ne parlais pas ainsi. Tu avais l’air radieuse, éperdue. Tu voulais faire l’amour, ce que nous avons fait !

-         Salaud ! Salaud ! Tu es un monstre ! Tu as profité de moi parce que j’étais saoule !

-         Allons, pas de grands mots… Tu n’étais pas saoule, pas plus que moi. Nous avons un peu bu, c’est vrai, et quand je t’ai senti si fragile et si désirable à la fois, j’ai fait ce que j’ai cru bon de f…

-         Que tu as cru bon ? Salaud ! Je te hais, je te hais… Tu m’as salie…

-         Ecoute, calme-toi et reviens à des idées plus claires, à des choses plus dans la norme. Quand tu as compris que Dominique avait une liaison, tu n’as pas hésité une seconde à…

-         Une liaison ? Dominique ? Mais quand l’ai-je su ? Qui m’a raconté une telle horreur, un tel mensonge ? Je l’aime, moi, Dominique… Je ne l’aurais jamais trompé, même s’il avait une liaison…

-         Même avec Françoise ?

-         Tu me dégôu…

-         Chut, pas de paroles définitives !

 

Elisabeth s’affaissa sur une chaise et se mit à sangloter. André en profita pour sortir du lit, se glisser dans son pantalon, et s’approcha d’Elisabeth, effondrée et recroquevillée sur elle-même. Il s’approcha prudemment et la prit par les deux mains, agenouillé devant elle.

« Allons, pleure, pleure un bon coup. Cela te fera du bien…

-         Pourquoi ? – lui dit-elle sans le regarder – Pourquoi ?...

 Elle ne chercha pas à fuir les mains qui lui tenaient les poignets. Elle était si lasse que peu lui importait, au fond ce qui pouvait lui arriver maintenant. Elle ne réfléchissait plus, elle était prête à tout, à mourir s’il le fallait.



André se releva, tout en la redressant aussi. Quand ils furent debout, il se plaça derrière elle et la serra contre lui. Puis, avec une douceur d’ange, il l’allongea sur le lit, et se coucha près d’elle…

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8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 17:11

Les Chants mêlés 14

Ce mardi-là, donc, Elisabeth était chez elle, seule comme à l’accoutumé. Gérard était à l’école et Dominique au bureau. Il n’était pas loin de dix heures du matin lorsqu’on sonna à la porte. Elisabeth, pensant que cela pouvait être quelque démarcheur, ne broncha pas, dans un premier temps. Alors, la sonnette retentit une autre fois, puis une autre… Elisabeth se décida à se lever du fauteuil où elle feuilletait un magazine, et alla ouvrir à l’importun. Toute surprise, elle aperçut André, un sourire ravi aux lèvres :



« André ! Si je m’attendais à voir quelqu’un ce n’était pas toi !

-         Bonjour Elisabeth… Tu me laisse sur le paillasson ou j’entre ?

-         Entre donc, bien sûr ! Que fais-tu là à une pareille heure ?

-         Eh bien, j’étais dans le quartier, pour un client… alors, je me suis dit que je pourrais te rendre une visite amicale !

-         Tu as bien fait. J’attendais, en lisant, l’heure de me mettre à cuisiner.

-         Tu cuisines pour toi seule ?

-         Non, moi, le midi, je « chipote », j’avale un ou deux fruits ou un yaourt. J’allais préparer le repas du dîner. Tu sais, deux hommes à table, cela nécessite qu’on leur mette quelque chose de consistant à manger !

-         Oui, je comprends bien cela…

-         Je t’offre quelque chose à boire ? Un café, un thé ?

-         Non, merci, ni café ni thé… plutôt un alcool, vu qu’il est presque l’heure du déjeuner . »

  N’ayant pas prévu cet apéritif impromptu, Elisabeth n’avait pas « fait le plein » de son bar.

      -        
Whisky ? – proposa-t-elle – Je n’ai que cela !

-         Va pour un whisky, ma belle ! Mais tu m’accompagnes…

-         Tu sais, je n’ai pas l’habitude de boire à cette heure-là !

-         Hoooo, je sens que je vais refuser de boire si je suis seul !

-         Bon, d’accord, mais juste un tout petit verre. »

André s’installa dans le grand fauteuil du salon, pendant qu’Elisabeth sortait deux verres et la bouteille de whisky. Elle servit une rasade qui lui parut suffisante à André, et versa un léger « doigt » dans son propre verre.

 

« Glaçons ? – demanda-t-elle.

- Non, merci ! Ce serait dommage de refroidir nos verres et l’atmosphère !

- Ah ? Tu trouves l’atmosphère pas assez chaude ?

- Ben, vois-tu, je me sens tout intimidé devant une si jolie femme que toi, et, pour ne rien te cacher, je voudrais te parler…mais pas de si loin. »

 
Ce-disant, il tapota la place vide à côté de lui, pour faire comprendre à Elisabeth qu’elle devrait s’y asseoir. Elle s’exécuta, pensant qu’André avait quelque chose d’important à lui dire, et qu’il ne voulait pas parler à trop haute voix. Les murs auraient-ils des oreilles pour André ?

« Alors, André, qu’as-tu à me raconter ? Tu as un air bien mystérieux ! »

 

Pour toute réponse, André posa sa main sur celle d’Elisabeth, et commença :

 « Eh bien, voilà… je voulais te parler de toi et Dominique.

-         Ah ! Je me doutais bien qu’il s’agissait de lui !

-         Oui…et non ! Ecoute mon petit, tu es une femme intelligente, jolie, et j’ajouterais extraordinaire ! »

 
Elisabeth avait sursauté, intérieurement, en s’entendant appeler « mon petit ». Bof, se dit-elle, André est peut-être P.D.G., mais après tout, son éducation mondaine laissait-elle à désirer.

«  Tu vas me faire rougir ! Voilà deus fois que tu me dis belle ou jolie…

- Ah, écoute, je suis un garçon direct ! Si je te trouve jolie, je te le dis, c’est ainsi ! »

 
André se saisit de la bouteille de whisky et s’en servit une seconde rasade. Il fit de même avec le verre d’Elisabeth qui fit mine de refuser, en vain.

  « Bon – reprit André – tout d’abord, portons un toast !

-         Un toast ? A qui ? A quoi ?

-         Au hasard qui nous a fait nous rencontrer.

-         Nous ?

-         Oui, nous quatre, à Bénodet…

-         Ah, bon…

-         Te rends-tu compte que cela a été un événement considérable ?

-         Considérable ? Mais, mon Dieu, je ne vois pas en quoi… Tu exagères, André !

-         J’exagère ? Mais non, ma belle ! Sans vos vacances en Bretagne et le fichu avion que nous n’avons pas pu prendre, je ne serais pas, aujourd’hui, avec toi !

-         Si on veut ! Cela n’a rien d’extraordinaire ! Parle-moi plutôt de Dominique…sinon, je vais penser que tu n’es là que pour me faire la cour !

-         Te faire la cour ! Oh, en voilà bien des « mots de femme » ! Tu n’es pas, j’en suis sûr, de celles qui mettent de la distance entre elles et leurs amis, "au cas où " !


 

La conversation ne finissait pas de commencer. La bouteille, elle, était bien entamée. André buvait rasade sur rasade, et Elisabeth, réticente au début, finissait par en perdre le compte, saoulée autant par l’alcool que par le verbiage d’André. Plus d’une heure était déjà passée, et Elisabeth n’avait pas encore obtenu le moindre mot sur Dominique ! Qui plus était, elle commençait à ne plus savoir ce qu’elle faisait là, ni ce qu’André était venu faire chez elle…

A ce moment-là où elle n’arrivait plus à se contenir, André la tira doucement mais fermement et la colla contre lui.

à suivre...
P.F.J.

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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 16:50

Les Chants mêlés 13

Mais, un petit événement, anodin à première vue, se produisit ce jour-là où, etc'était inhabituel quand il n'y avait pas trop de travail ou de partie de tennis, Dominique n’était pas encore rentré du bureau…

Ce qui devait arriver un jour, arriva ce jour-là ! André téléphona chez Dominique et Elisabeth, pour demander à son ami s’il désirait se joindre à lui, pour une partie de tennis, le mardi suivant. C’est donc Elisabeth qui reçut l’appel ! Dominique était sur le chemin du retour, et André l’avait cru arrivé chez lui !

« Bonsoir Chérie ! – lança Dominique en poussant la porte d’entrée.

- Bonsoir Chéri...  – lui fit écho Elisabeth.

- Tout va bien ? Gérard est rentré de l’école ?

- Oui, bien entendu, à cette heure-ci ! il fait ses devoirs et étudie ses leçons dans sa chambre. Mais, avant que tu ne montes le voir, j’ai quelque chose à te dire, de la part d’André !

- André ? Mais je viens de le quitter !

- Oui, mais il croyait sans doute que tu étais déjà là ! A moins qu’il ne t’aie pas vu aujourd’hui ?...

- Et que me veut-il – reprit Dominique sans prêter attention à l’allusion.

- T’inviter à une partie de tennis, mardi soir…

- Ah ? Bon… Et nous n’avons rien de prévu, ce soir-là ?

- Non, rien…

- Alors, si cela ne t’ennuie pas, j’irai !

- Cela ne m’ennuie pas, et ainsi... tu pourras faire d’autres connaissances…

- Des connaissances ?

- Ou « retrouver » des connaissances… »

Dominique ne répondit toujours pas, et monta les degrés de l’escalier jusqu’à la chambre de Gérard. A l’heure du dîner, Dominique et Elisabeth n’échangèrent que des paroles banales et « utilitaires ». Le repas terminé, Elisabeth, après avoir desservi la table avec Dominique, monta faire sa toilette et se mit au lit.




Le lendemain matin, elle ne bougea pas de son lit, prétextant une « fatigue passagère ». Dominique prépara le petit déjeuner de Gérard et monta le sien à Elisabeth. Après un bref « au-revoir » du bout des lèvres, il partit amener son fils à l’école.

 

Chant IV

Deuxième couplet

 

Les week-end et lundi passèrent… Mardi ! Le jour fatidique était donc arrivé… Sans précaution verbale aucune, Dominique, en partant pour le bureau, se saisit de son sac de sport qu’il déposa dans le coffre de sa voiture. Les choses pour lui étaient claires. Il irait donc jouer ce soir !

André et lui arrivèrent de concert devant la porte de l’entreprise :

« Ah ! Dominique – attaqua André le premier – prêt pour ce soir ?

-         Bonjour André ! Oui, prêt pour ce soir.

-         Bien… attends-toi à une surprise !

-         Une ...surprise ? - l'estomac de Dominique se noua.

-         Oui, j’ai une forme à tout casser aujourd’hui ! Je te réserve une « raclée maison ! »

 
La journée s’écoula, ni plus courte ni plus longue que d’habitude. Dominique pensait bien à « la soirée », certainement, mais aussi à Elisabeth dont il ne comprenait pas, ou ne voulait ni ne pouvait comprendre l’’état d’esprit qui l’animait. Etait-elle jalouse ? Sans aucun doute… De Françoise ? Sûrement… Pourtant Dominique n’avait pas le sentiment d’être infidèle en rencontrant la jeune femme. Physiquement s’entend ! Pour les sentiments ? Il ne savait qu’en penser. Il aimait vraiment Elisabeth… mais était attiré par Françoise !

à suivre...

P.F.J.

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5 décembre 2009 6 05 /12 /décembre /2009 15:46

Les Chants mêlés 12

Chant III

Deuxième couplet

 

« Qui sont cette Françoise et ce Robert ? – demanda Elisabeth, avec un air innocent.

-         Des amis à moi – intervint André.

-         Les connais-tu, Dominique… - précisa Elisabeth. – Tu ne m’en as jamais parlé ? – ajouta-t-elle sur un ton qui se voulait naturel.

-         Je ne les ai vus qu’une fois, au tennis, le mardi avant que nous ne quittions Toulouse…

-         Ah ? – fit Elisabeth, pincée – ce fameux soir où tu es rentré si tard ? »

 

André toussota comme pour faire diversion, se rendant compte de la gaffe qu’il venait de faire.

 

«Et si nous marchions un peu sur la plage – proposa-t-il – cela nous ferait digérer ? J’ai encore les moules sur l’estomac !

-         Il se fait tard – assura Dominique – et je ne voudrais pas que l’on s’éoigne trop en laissant Gérard seul.

-         Rentres si tu veux – suggéra Elisabeth – Macha, André et moi ferons une promenade… Si, si, j’insiste – fit-elle à l’adresse d’André qui mimait un refus.

-         Comme vous voudrez – dit Dominique – cela ne me gêne pas. Je vais me coucher avec un bon bouquin… Ne me réveillez pas en rentrant !

-         Je rentre avec toi – intervint Macha – J’ai sommeil moi aussi ! Soyez sérieux tous les deux ?... Pas de bêtises, hein !

-         Pas de bêtises vous deux non plus » – répondit André, en souriant et prenant Elisabeth par la taille.

 

Dominique ne se réveilla pas lorsqu’Elisabeth se glissa près de lui, sous les draps.

Le lendemain matin, il se leva tôt pour aller se promener sur la jetée, alors que toute la maisonnée était encore endormie.

L’air vif venant du large le gifla de sa fraîcheur bienfaitrice, et eût pour effet de l’éveiller totalement. Il flâna un moment entre les filets de pêche étendus à même le sol ou sur des suspensoirs, les poings enfoncés dans les poches de son blouson.




Ses pensées étaient toutes tournées vers Françoise, qu’André avait rappelée à ses souvenirs. Que faisait-elle à ce moment précis ? Pensait-elle à lui ? Sûrement pas ! Il se surprenait à faire de stupides hypothèses. Que lui arrivait-il à nouveau ? Il était amoureux d’Elisabeth, cela, il en était sûr… La vie était belle avec elle, de temps à autre un peu plus difficile, mais, au total, il était assez « heureux en ménage », comme on dit. Oui, il aimait Elisabeth, comme au début de leur vie. Mais se pouvait-il qu’il soit tombé amoureux de Françoise ? Peut-on être amoureux de deux êtres à la fois ? C’était bien la chose la plus saugrenue qui puisse lui venir à l’esprit… Et pourtant ! Non, il en était certain, entre Fançoise et lui, c’était « autre chose », mais quoi ? De toute façon, il en aurait le cœur net très bientôt ; dans quelques jours, ils rentreraient à Toulouse, et, là, il pourrait y voir plus clair. Pour le moment, il devait faire le vide dans son esprit, et se consacrer à ses vacances, à Elisabeth et Gérard. Pour Macha et André, c’était différent, il ne leur devait rien… Ou plutôt si ! Il faudra qu’il ait une explication avec André, qui avait le don de semer la panique partout où il mettait son gros nez !

 

Chant IV

Premier couplet

 

Plusieurs jours, déjà, avaient passé depuis le retour de Bretagne. Elisabeth et Dominique avaient repris leur train-train quotidien. Ils évoquaient encore quelquefois les souvenirs de vacances, se penchaient sur les photographies tirées ici et là…
Mais, un petit événement, anodin à première vue, se produisit ce jour-là où, Dominique...

à suivre...
P.F.J.

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5 décembre 2009 6 05 /12 /décembre /2009 11:56

Verset V

Chapitre I

Je suis

 

 Ôoo affinait sa perception de l’Univers. Il se « dimensionnait » à l’échelle de ce nouveau contact qu’il percevait maintenant imminent… Il se fit aussi infime qu’une étoile, puis aussi minuscule qu’une météorite, et « aperçut » enfin la…chose où il LA trouverait !

Cela avait l’air métallique, en tout cas constitué de matière inerte, mais mû par quelque source d’énergie interne… La « chose » était lisse, luisante et creuse ! Cà et là, on pouvait apercevoir des ouvertures d’où fusaient des raies de lumière. Che-Ôoo se faufila, par une des immensités de vide entre deux atomes, et fut alors à l’intérieur de la « chose » !

Et il observa… ELLE était Là, à une extrémité de ce qu’il apprit être un « vaisseau spatial ». Il ne savait pas, jusqu’alors, que des êtres animés composés de carbone, pouvaient avoir besoin de cela pour se déplacer dans le continuum. Il n’avait encore que les souvenirs de Che en lui. Mais Che non plus ne « savait pas ». Che se déplaçait en balançant son « véhicule de chair » de l’une à l’autre de ses extrémités inférieures !

Che-Ôoo écouta. Il écouta le silence des coursives, le cliquetis des appareils, les sons curieux échangés par quelques-uns des êtres animés. Il sut alors qu’ELLE était un de ces êtres !
Il eut rapidement assimilé ses sons, ces choses étranges… ELLE pensait, et lui comprenait… ELLE était une …femme, comme celles qui vivaient auprès de Che. Les autres étaient des « Cyborgs », des machines conçues par les êtres animés – les Humains – à leur ressemblance, mais pas humains, des êtres synthétiques !

Ôoo « investit » une de ces créatures, de ces Cyborgs, afin d’approcher ELLE sans l’effrayer. Elle devait être familière à leur apparence, donc à celle que Ôoo avait revêtue… Ôoo, lui, n’avait jamais eu d’apparence matérielle !

La sensation qu’il éprouva fut voisine de celle qu’il avait eue en « étant » Che… Cet être, ce Cyborg qu’il habitait, se mouvait, mais n’était pas vraiment… vivant ! C’était donc cela une …machine ? A peine différent du « vaisseau » et programmé pour d’autres visées.

En tout état de cause, cela ne changeait rien pour Ôoo. Il « fut » le Cyborg. Il n’était plus Che, plus tout à fait Ôoo, mais plus certainement le Cyborg 47132428 

 

Verset V

Chapitre II

Catherine Shogloff

 

Catherine Shogloff observait le télécran de son poste de navigation, le regard perdu dans les myriades de soleils qui s’tendaient là, devant elle. Elle s’en remettait aux calculateurs de bord qui dirigeaient le vaisseau, mais aimait bien, de temps à autres, jeter un coup d’œil aux constellations qu’elle traversait. Et puis, cela la rassurait sur la justesse des calculs d sa trajectoire. Les quelques robots et cyborgs qu’elle avait à son bord n’étaient là, en fait que pour lui donner le change, l’impression qu’elle ne voyageait pas seule dans l’immensité sidérale…

Elle rejoindrait bientôt son époux, après de longs mois passés loin de lui. Yarum était Ambassadeur d’Altaïr auprès de la Confédération Galactique. Altaïr n’était pas encore vraiment membre à part entière de la Confédération, pas plus que les Systèmes Denebien, Acturien ou Lyrien. Le processus d’intégration était long mais fécond. Les guerres inter-systèmes étaient abolies depuis longtemps, mais certains voulaient encore garder leurs privilèges et leur liberté de choix. D’autres Systèmes s’étaient regroupés en sous-fédérations, tels Le Chien ou Rigel.

Catherine sortit soudain de son absence apparente. Un bruit de pas dans la coursive la rappelait à une réalité plus concrète. Tournant la tête vers l’entrée du poste de navigation, elle la vit s’ouvrir sur le Cyborg 47132428…

 

« Qu’y a-t-il ? » fit-elle sans laisser paraître la moindre surprise.

 

Le Cyborg ne répondit pas. Catherine réitéra sa question, par réflexe, le cyborg n’ayant peut-être pas reçu l’interrogation…

 

« 47132428 ! Que désires-tu ? »

 

Le cyborg prit un temps de silence avant de répondre : « C’est MOI ! »

Catherine bondit de son fauteuil et recula d’un bond !

 

«  Comment ! Qu’est-ce que cela signifie ? Tu dois être déréglé… Un cyborg ne répond jamais ainsi !...

- C’est Moi, c’est Moi… Che-Ôoo ! »

Catherine essaya de se reprendre, de maîtriser son émotion.

« 47132428, retourne immédiatement dans ton caisson de confinement. Tu seras envoyé à l’atelier de contrôle dès notre retour !

- Non ! C’est Moi Che-Ôoo… Je te cherche depuis si longtemps ! Je ne suis pas un cyborg, une de tes machines… Enfin pas « seulement » ! Je suis… je suis Ôoo… je te cherche depuis notre dernière rencontre. Tu t’en souviens ? »

 

Ôoo avait …voulu, être près d’Elle, et cela s’était produit ! Le cyborg qu’il occupait avait changé de lieu, évaporé, puis réorganisé dans son intégralité, dans la cabine de Catherine Shogloff !

«  Je ne vous veux aucun mal » – dit-il à l’adresse de celle qu’il croyait être Elle, celle qu’il cherchait depuis si longtemps.

 

« Nous nous sommes déjà rencontrés… En tout cas, j’éprouve auprès de vous une sensation similaire à celle ressentie alors ! »

 

Catherine, abasourdie, trouva la force de faire face, ne comprenant plus à qui ou à quoi elle avait affaire.

 

« Qui êtes-vous ? – questionna-t-elle, donnant de l’assurance à sa voix – Vous n’êtes pas un cyborg ! Par où êtes-vous entré ?

- C’est vrai, je ne suis pas un cyborg… pas seulement un cyborg ! Je suis Ôoo, je suis Che aussi, plus proche de vous par mon apparence. J’habite ce cyborg, mais je ne suis pas quelque chose que je puisse vous décrire ou nommer ! Peut-être comprendriez-vous mieux si je vous disais que je suis un… Esprit ? Vous comprenez cela ? Vous, les « humains », croyez à l’existence d’un Esprit !

- Prétendez-vous être une entité sans corps matériel ? D’où venez-vous ? Comment croire une telle fable ? Vous voulez m’abuser… Si vous n‘êtes pas 471232428, vous ne pouvez qu’être un humain qui se fait passer pour un cyborg ! Avouez ! Vous êtes un passager clandestin ! Voulez-vous que je vous dépose dans quelque système ? Sur une planète que vous voudriez regagner ? Je comprends, vous fuyez… Vous vous cachez de la Justice Fédérale, de la Police Interplanétaire ?

- Non, je suis Che-Ôoo. Je ne sais pas de quoi vous parlez ! Je ne fuis pas, je vous cherche, enfin, je cherche Elle… N’êtes-vous pas Elle ? Tout, en vous, me rappelle Elle ! Il émane de votre… esprit des ondes semblables à celles qu’Elle m’a envoyé ! Laissez-moi me rendre compte si je me suis trompé ! »

 

Ce disant, il s’approcha de Catherine, les bras tendus vers elle comme pour l’enlacer !

Catherine Shogloff hurla de frayeur lorsque 47132428 la serra dans ses bras.

 

Ôoo découvrait un sentiment curieux. Il n’avait jamais eu à formuler des sons, des mots pour exprimer ce qu’il ressentait. Il était soumis là à une expérience nouvelle… pour la première fois de son éternité, il était aux prises avec une autre forme de pensée ! Il se sentit maladroit, inefficace, emprunté…

 

Catherine Shogloff fut alors prise d’une peur panique. Elle bouscula Ôoo et s’enfuit par la coursive jusqu’à sa cabine qu’elle ferma hermétiquement !

 

« Mon Dieu, pensa-t-elle, suis-je folle ? Comment avoir peur d’un robot, fut-il un cyborg ? Je dois me raisonner, il doit être déprogrammé, rien de grave ! »

 

Se donnant ainsi du courage, elle enclencha l’enregistreur de son Carnet de Bord, afin d’y noter ce qu’elle venait de vivre… Elle faisait de même chaque jour, comme tout Commandant d’un navire interstellaire.

 

« Ce jour, 12 Janvier de l’an 2982 T.S.F. (Temps Sidéral Fédéré), le cyborg N°47132428, engagé à mon bord au poste d’Officier navigateur, a fait preuve d’incohérence et de dérèglement manifeste. Il s’est adressé à moi en des termes inhabituels de la part d’un humanoïde synthétique. Il prétend se nommer Ôoo ou Che… Il m’a demandé de le reconnaître en disant « C’est moi ! ». Je me suis réfugiée dans ma cabine afin de prendre toute disposition pour le mettre hors d’activation. Je m’apprête à retourner au Poste de Commandement où il doit encore se tenir, et l’approcher pour le déconnecter. Il devra être envoyé en atelier de révision dès mon retour sur Terre, soit dans 6 semaines universelles… En dehors de cet incident, rien à sign… OH ! »

 

Là s’interrompit le commentaire de Catherine Shogloff ! Le cyborg N°47132428 se tenait là, dans la cabine, « matérialisé » comme par magie, sans que la porte ait été ouverte !

 

Ôoo avait repris son errance. Il avait rompu le contact éphémère établi avec Catherine Shogloff ! Non, ce n’était ELLE… La sensation avait été trompeuse. Catherine, du moins son « esprit », avait paru de même type que Che-Ôoo, moins parfait, moins élaboré. Ôoo, par « morale » innée, ne se permettait pas une union spirituelle avec un être vivant non-consentant ! Et Catherine ne l’avait pas été, du tout… Ôoo n’avait perçu, à son contact, que de la peur et de l’incompréhension. Décidément, Catherine n’était pas ELLE ! Ôoo l’avait su dès la première fraction de temps où il l’avait sondée, en la serrant dans ses bras… Catherine était de même « genre » qu’ELLE, féminine était le mot qu’il avait saisi en elle. Déçu, désespéré, Ôoo avait rompu le contact et fui le vaisseau, le cyborg, le temps et l’espace dans lesquels il venait de commettre cette erreur… Déçu, mais décidé à reprendre sa quête. Sans contrôle réel de ses déplacements dans le continuum, il « émergea » à quelques parsecs de là, à quelques siècles aussi, au hasard. Et, curieusement, il ressentit à nouveau cette présence « autre », la même sensation qu’avec ELLE ou Catherine !

Il « planait » dans les parages d’une planète au soleil rouge… Deux fuseaux argentés, semblables dans leur conception au vaisseau de Catherine Shogloff, se déplaçant côte à côte en direction de la Bordure Galactique. Il s’en approcha car là était encore une fois « un être » qui lui rappelait « ELLE »… Il était hors de question pour lui de faire la même erreur qu’avec Catherine. Il procèderait, cette fois-là, comme avec Che. Il «investirait discrètement» le corps de celle qui se faisait appeler – par ses semblables – Eva ! Le contact et la connaissance mutuelle seraient ainsi plus purs, plus complets !

à suivre...

P.F.J.

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