Les Chants mêlés 29
On sonna à la porte, et Élisabeth fit un gros effort, tout en essuyant ses larmes, pour aller jeter un œil dans le judas.
« Qui cela peut-il être, à cette heure-ci ? » marmonna-t-elle.
Elle ouvrit la porte et se trouva face à un homme qu’elle ne connaissait pas.
« Oui, Monsieur, que voulez-vous ? »
Le « Monsieur » en question n’était autre que Bob, qui avait trouvé l’appartement de Dominique et Élisabeth. Apercevant Françoise depuis l’endroit où il se tenait, il la désigna du doigt :
« Je suis Robert, le mari de Françoise !
- Le mari de… ? Comment êtes-vous ici ? Et pourquoi ?
- Faites-le entrer, Élisabeth – suggéra Françoise, du salon où elle attendait – Bob est de bon conseil et saura nous aider dans notre situation…
- Notre situation ! Mais c’est moi qui suis en mauvaise situation ! Et puis, votre mari ne sait rien de ce qui s’est passé !
- Si, si, je vous assure qu’il est un homme capable d’amener un peu de clarté et de calmes résolutions à tout problème, fut-il seulement le vôtre ! »
Élisabeth, sans aucune détermination réelle, s’effaça pour laisser passer Robert, qui se dirigea vers Françoise, avec un air réprobateur sur le visage.
« Mais enfin, Chérie, que fais-tu ici ? Je me suis bien douté que les choses n’allaient pas se passer ainsi, sans que tu ne prennes l’initiative ! »
Françoise, avec l’autorisation tacite d’Élisabeth, conta à Bob les faits, tels que toutes deux en avaient discuté avant son arrivée.
« Élisabeth – commença t-il – je peux vous appeler Élisabeth ?... Tout cela n’est qu’une suite de quiproquos navrants ! Voyez-vous, je ne me suis pas alarmé, moi-même, quand Françoise m’a dit qu’elle s’était fait un ami de Dominique… sans doute ne suis-je pas un homme comme la majorité de mes semblables, mais j’ai tout de suite cru à cette amitié !
- Le problème, monsieur, est que moi, n’y ayant pas cru, j’ai fait la bêtise de ma vie ! J’ai trompé Dominique avec son meilleur ami, simplement par vengeance, incrédulité et désespoir !
- Vous auriez, peut-être, dû en parler, d’abord avec Françoise, puisque vous ne portiez aucun crédit aux dires de Dominique… même s’il vous assure de ses sentiments pour vous.
- Vous en parlez facilement, vous ! Je n’ai pas eu une éducation qui me permette de comprendre ces choses, ces situations-là… Une amitié, réelle, entre un homme et une femme, cela est hors de ma conception des rapports humains… Comment aurais-je pu… imaginer que…
- Allons, allons, Élisabeth – fit Françoise – les choses ne sont peut-être pas aussi graves que cela… Dominique est un homme intelligent, posé et apte à comprendre et admettre cette suite d’erreurs commises ! Et puis, il vous aime, il vous l’a dit et prouvé pendant des années ! Je vais vous dire ce que j’en pense, pour que nous reprenions chacun nos vies comme elles auraient dû être en fin de compte. Confions à Bob le soin d’en discuter avec votre mari ! Bob est tout à fait à même de faire comprendre à Dominique ce qui s’est réellement passé, et pourquoi, et le ramener à une vision toute différente de celle que vous imaginez…
- Et comment voulez-vous qu’il comprenne que je l’ai trompé avec André ? Comme vous dites, si cela s’était passé avec un autre, un inconnu, peut-être, et encore… mais avec André, vous vous rendez-compte ? »
à suivre...
P.F.J.